mercredi 15 janvier 2014

résumé une vie de boy

Une vie de boy
Ferdinand OYONO

1.  Biographie

            Ferdinand Oyono est un des représentants les plus célèbres de ce que l'on a appelé "la littérature négro-africaine" ou la "littérature noire d'expression française".  Son oeuvre a servi de modèle à beaucoup d'autres.
            Il est né le 14 septembre 1929 à N' Goulémaking, dans le Sud-Est du Cameroun.
            Sa mère, catholique pratiquante, avait quitté le domicile conjugal : elle ne supportait plus de vivre avec un mari chrétien mais polygame.  Celui-ci, le père de Ferdinand, avait un métier qui l'amenait à de fréquents déplacements : rédacteur des services civils et financiers.  Son fils, souvent, l'accompagnait : il put ainsi observer l'administration coloniale; son oeuvre est nourrie de ce qu'il eut alors l'occasion de constater.
            Il commence ses études à la Mission catholique, où il sert aussi de "boy" et d'enfant de choeur, tout en s'initiant aux lettres classiques.  Il obtient son certificat d'études primaires.  Bon élève, Ferdinand Oyono est envoyé au lycée de Nkongsamb puis, à la fin de la 4ème, au lycée de Provins.  Il obtient le baccalauréat en 1950.  Il va alors à Paris où il partage son temps entre la Faculté de Droit et l'Ecole Nationale d'Administration.  Il s'essaie au théâtre.  Il commence à rédiger Le Vieux Nègre et la médaille et Une vie de boy qui seront publiés en 1956.  Les deux livres décrivent avec une ironie féroce un colonialisme sur le déclin.
            Ferdinand Oyono publia un peu plus tard un troisième roman : Chemins d'Europe (1960), au moment de l'accession du Cameroun à l'indépendance.  Pris par d'importantes fonctions administratives et politiques (délégué du Cameroun à l'O.N.U., ministre plénipotentiaire à Bruxelles, ambassadeur à Paris, Monrovia, aux Etats-Unis), il n'a rien fait paraître depuis.
            Il est important de situer sa vie et ses oeuvres dans leur contexte historique.  En 1956, on ne remet pas en cause le concept d'Union française, mais dans le Cabinet ministériel du 30 janvier, présidé par Guy Mollet, M. Houphouet-Boigny a un poste.  M. Mollet dit souhaiter voir les Africains gérer démocratiquement leurs affaires.  La loi-cadre du 23 juin entérine une décentralisation : un exécutif indigène présidé par le Gouverneur est créé dans chaque colonie.  L'Union des Populations du Cameroun se montre active : ce mouvement revendique l'indépendance, organise quelques maquis, fait une campagne suivie en faveur de l'abstention le 18 novembre 1956.
Dans la littérature Négro- Africaine, le roman de F. Oyono, Une vie de boy, est classé dans le courant de la littérature militante situé entre les années 1948 et 1960, c’est-à-dire avant les indépendances de la grande majorité des pays de l’Afrique sub-saharienne. Les écrivains de cette époque, qui pour la plupart sont des jeunes étudiants en Europe, s’étaient donnés pour mission de dénoncer aux yeux du monde les méfaits de la << mission civilisatrice >> Européenne, encore appelée Colonisation, sur les peuples Africains. Cette critique acerbe du système colonial a pour précurseur l’écrivain Guyanais René Maran, ancien administrateur des colonies françaises, dont le roman Batouala  est considéré comme le premier véritable roman nègre ; dans la préface de cette œuvre, l’auteur marque sa désapprobation par rapport au colonialisme qui pour lui n’est pas un « flambeau » mais plutôt un « incendie ». Oyono entre donc dans cette mouvance de la littérature engagée avec d’autres écrivains Négro-Africains tels que Césaire, Eza Boto, etc.

2.  Résumé

            Le narrateur raconte que, lors de l'agonie d'un compatriote, il a  découvert dans le sac du mourant le journal de Toundi (par cette fiction le romancier prend ses distances).  C'est donc ce journal qui est livré au lecteur : il est contenu dans deux cahiers.
            Premier cahier : Toundi, frappé par son père, s'estime victime d'injustice et s'enfuit.  Il rejoint  la Mission catholique, avec l'accord de sa mère, fervente catholique, qui pense qu'il a bien fait de quitter un père qui ne l'aime pas comme un père devrait aimer son fils.  Il en devient le pensionnaire, aimé et protégé par le père Gilbert, dont il est le favori et qu'il admire, ainsi, d'ailleurs, à ce moment que tous les Blancs.
            Malheureusement, le père Gilbert meurt d'un accident de moto.  Joseph Toundi est confié au père Vandermayer, homme violent, colérique, qui s'en débarrasse en le confiant comme "boy" au commandant.
            Brimades et cruautés se succèdent chez le nouveau maître : coups de pied, propos méprisants.  Avec lui, Toundi découvre le monde des Européens, qui trompent comme ils peuvent leur ennui (Gosier d'Oiseau, le commissaire, et ses rafles, ses bastonnades de prévenus; Janopoulos, le Grec, arrivé sans un sou, qui a édifié une énorme fortune;  l'ingénieur agricole, qui a pour maîtresse sa cuisinière noire, Sophie, mais cache honteusement cette liaison;  Moreau, le régisseur des prisons, qui fouette, torture sous le prétexte d'interroger).
            Toundi est de moins en moins admiratif.  Toutefois, l'arrivée de la femme du commandant, Suzy, relance son enthousiasme initial : il est fasciné par la beauté de "madame", il en tombe amoureux, se réjouit de passer les journées à ses côtés, d'autant qu'elle tranche sur les autres femmes du petit groupe.
            Mais, alors que Suzy semblait étrangère aux préjugés racistes de ses compatriotes, elle se laisse gagner par l'ambiance.  La liaison adultère qu'elle noue avec M. Moreau favorise peut-être une telle évolution.  Se sentant observée par les domestiques, et, en particulier par Toundi, elle finit par les détester (en partie parce qu'elle a honte).
            Deuxième cahier.  Le commandant apprend son infortune : il a trouvé sur le canapé le briquet de son rival et il a entendu les "Nègres" l'appeler "ngovina ya ngal a ves zut bisalak a be meuta", c'est-à-dire "le commandant dont la femme écarte les jambes dans les rigoles et dans les voitures".  Il en veut tout particulièrement à Toundi qui, selon lui, a servi d'intermédiaire et, surtout, a été le principal témoin.
            Or, Sophie, la maîtresse de l'ingénieur agricole, s'est enfuie avec le salaire des manoeuvres.  Toundi, qui passe pour son amant, est soupçonné de complicité.  Il est arrêté, conduit au poste de police au camp des gardes, battu et torturé, victime de graves sévices (une terrible corvée d'eau en particulier).  M. Moreau semble désireux de supprimer un témoin gênant.  L'état de Toundi est tel qu'il faut se résoudre à l'hospitaliser.  L'infirmier, qui vient le voir, se révèle être de son côté, lui donne cent francs et l'aide à s'enfuir.  Toundi se réfugie en Guinée espagnole.
            Mais le premier chapitre (où il fut découvert moribond, avant qu'on ne trouve son journal dans son baluchon) nous a appris que ce fut pour y mourir.

3. Analyse
a)         Un roman réaliste
Ferdinand Oyono, lecteur entre autres de Zola, peut être rangé parmi les romanciers réalistes.  Son roman nous aide à connaître ce que fut l’Afrique coloniale, et plus précisément le Cameroun à la veille de son indépendance.  Il marque, de ce point de vue, une rupture par rapport au “roman colonial ”.  Ainsi la plupart de ces romans coloniaux faisaient-ils du “Nègre” un objet exotique.  Le roman colonial de façon plus générale exprimait le “regard” des Européens sur l’Afrique et les Africains, le regard des Blancs sur les Noirs : l’immense continent ressenti comme fascinant et inquiétant, les autochtones avec lesquels la relation était difficile, l’ennui des Tropiques, les moyens mis en œuvre pour en sortir (l’alcool et l’érotisme).  Ferdinand Oyono a choisi d’inverser le sens du regard.  Ce n’est plus le Blanc qui regarde le Noir, mais l’inverse.  Mais Toundi n’est-il pas d’abord admiratif ?  Certainement, et il lui faudra du temps pour se défaire de son complexe d’infériorité.  Il faudra qu’il apprenne à voir.  A ce titre, on peut parler d’un roman d’apprentissage.

b)         Un roman d’apprentissage

Le roman raconte le passage difficile de l’enfance à l’âge adulte ; il est l’histoire du renoncement progressif ou brusque aux illusions.
Une vie de boy peut sembler exemplaire à ce point de vue.  A la mission catholique, Toundi n’est pas loin de se croire dans un univers merveilleux.  Il aime servir la messe, participer à la communion (et, surtout, à cette occasion, caresser les jeunes filles blanches sous le menton).  Il est heureux de ce qui lui arrive : “ J’allais connaître la ville et les Blancs, et vivre comme eux ”.  Mais surtout il aime et révère le père Gilbert, au point que sa mort est vécu comme une terrible catastrophe : “ Je suis mort une première fois ”.  Il n’est pas sans admiration pour le commandant et sa force : “ Il n’avait pas l’air de peiner comme le cuisinier et moi. ”  Enfin, il est ébloui par la beauté de Suzy, “madame ”, lui voue un culte fétichiste.  “ J’ai serré la main de ma reine.  Désormais ma main est sacrée. ”  Il sublime son attirance sensuelle, en idéalisant l’être aimé.  Il est mystifié, par un mécanisme qui fonctionne si bien qu’il ne peut que rêver à une impossible assimilation : “ Ni ma femme ni mes enfants ne pourront jamais manger ou s’habiller comme Madame ou comme les petits Blancs. ”

Tout le récit sera, alors, celui d’une véritable démystification, d’un renoncement progressif aux illusions.  Le père Vandermayer se révèle brutal et sexuellement obsédé : il dénude les Noires avant de les punir.  Vu sous la douche, le commandant apparaît “incirconcis ” : “ Cette découverte m’a beaucoup soulagé.  Cela a tué quelque chose en moi… Je sens que le commandant ne me fait plus peur. ”  C’est que le rite de la circoncision marque le passage à l’âge adulte et à l’état d’homme.  Suzy, déifiée, se comporte finalement de façon aussi méprisante que ses compatriotes  à l’égard des Noirs, et, idole déchue, se laisse dominer par ses attraits sexuels.  La brutalité des Blancs – les coups de fouet de Moreau, le chien que Janopoulos lance sur les Nègres pour s’amuser, les interrogatoires féroces du commissaire Gosier d’Oiseau - finit par choquer Toundi : “ Le prochain du Blanc n’est-il que son congénère ? Je me demande, devant de pareilles atrocités, qui peut être assez sot pour croire à tous les boniments qu’on nous débite à l’Eglise ou au Temple. ”

On objectera que cette démystification semble se faire très lentement et rester partielle chez Toundi.  Le plus souvent, il observe la réalité coloniale (ségrégation, mépris, atrocités) sans porter de jugement.  Il semble dresser un constat.  Il ne se révolte pas.  Il n’oppose à la dureté de sa condition, d’abord que son humour : les Blancs lui semblent cocasses (un prêtre est un homme qui s’habille en femme, ils rougissent facilement à la moindre émotion) et assez dérisoires : ils ne voient pas grand-chose, ils ne savent pas observer.  “ Pour les Blancs, tous les nègres ont la même gueule. ”  Ce trait, qui peut servir à définir le racisme, lui paraît, tout compte fait, plutôt amusant.  Les préservatifs, découverts sous le lit de “madame ”, suscitent l’hilarité et la moquerie, d’abord à l’égard de Toundi lui-même, qui en ignorait l’usage, puis à l’égard des Blancs qui ont l’air de ne jamais supporter la nudité.

Si Toundi ne se défend que par le rire, et, à la fin, par la fuite, ce n’est pas que la démystification n’opère pas.  Mais elle est contrariée par des forces adverses.  Plusieurs études ont montré que le colonisé finit par s’identifier au portrait qu’on a tracé de lui, par accepter l’image négative de lui-même.  Un psychiatre explique : “ Le Noir est tombé dans cette situation névrotique qu’est le complexe d’infériorité.  Mis brusquement en face d’un homme différent de lui par la couleur de la peau, supérieur à lui par sa technique et en conséquence par sa situation économique, l’Africain s’est trouvé renvoyé à lui-même et s’est découvert des tares. ”
Si Toundi reste trop aliéné pour être tout à fait démystifié, le roman opère comme un révélateur chez le lecteur.  Celui-ci peut comprendre à quel point il a été floué par le discours chrétien et humaniste (tous les hommes sont frères, égaux) dont le colonialiste se servait pour cacher sa véritable réalité.

c)   un roman politique.

Comme Brecht au théâtre, Oyono ne prend pas position : il montre la situation coloniale. Le jugement critique est laissé au lecteur ou au spectateur.
Il faut user de la distanciation prônée par Brecht.  Distance de l’auteur et du personnage, permise par la fiction du manuscrit trouvé dans une besace.  Le sujet de l’énonciation (Oyono) n’est pas le sujet de l’énoncé (Toundi).
Distance ensuite de Toundi et de l’univers colonial.  Son constat est d’autant plus fort qu’il est fait sur le ton neutre de celui qui regarde : un pur regard sur le Blanc (le Blanc, de sujet percevant, devient objet perçu).
Distance, enfin, entre Toundi et le reste de sa communauté : c’est un individu à part, il a désobéi à son père, décidé de fuir les siens à la veille de son initiation.  Et son comportement étonne : Kalisia, par exemple, enfermée avec lui la nuit, est surprise de son peu d’ardeur sexuelle.
Si le premier effet des illusions est d’empêcher de regarder (l’amoureux ne voit pas les défauts de l’être aimé), le premier acte politique est d’apprendre à percevoir ce que les mystifications cachaient.  Pour ce dévoilement, il fallait des yeux qui ne soient ni ceux de l’auteur, ni ceux des Blancs, ni ceux des Nègres eux-mêmes.  Les yeux, qui ne savent qu’observer, de Joseph Toundi.

d) Le lieu :
L’intrigue se déroule dans le Sud Cameroun ; le nom du personnage principal Toundi ainsi que la langue des populations locales montrent que nous sommes dans l’aire culturelle «  Béti ». Ces peuples se retrouvent dans le Sud-Est Cameroun et délimitent le Nord du Gabon et de la Guinée Equatoriale ; ainsi cette tribu partage la même langue nationale appelée le « fang » et non les mêmes langues officielles dans la mesure où en Guinée Equatoriale c’est l’Espagnol et le Français dans les deux autres pays.  « Francès » est un terme Espagnol qui désigne un frère qui vient des colonies françaises. Toundi va donc se réfugier chez ses frères de la Guinée Equatoriale après sa mésaventure dans son pays le Cameroun.

e) L’époque :
 L’histoire de Toundi se situe après les années 1950 ; en effet, les Allemands vont perdre la colonie du Cameroun après la guerre de 40/45 et le Cameroun Occidental (partie ouest du pays) sera placé sous-mandat britannique alors que le Cameroun Oriental (le nord, le centre, l’est et le sud) sera sous-mandat français. C’est donc pendant la période du protectorat français que se déroule l’histoire.
f) Le narrateur : en effet, l’on peut affirmer qu’il y a au moins deux points de vue : d’une part celui du narrateur qui trouve le fameux journal, et le narrateur-personnage Toundi lui-même d’autre part ; cependant il convient de noter que Toundi confie souvent la narration à d’autres personnages dans ou hors du récit. Cette technique est généralement utilisée dans le roman Négro-Africain par un souci de vraisemblance. Il  faudrait en définitive retenir qu’ Une vie de boy est une fiction et non une autobiographie ; la forme du journal n’est qu’un prétexte pour montrer le regard que les indigènes avaient du Blanc tout en dénonçant les injustices du système colonial.

g) Le prologue : l’intrigue se déroule dans le Sud Cameroun ; le nom du personnage principal Toundi ainsi que la langue des populations locales montrent que nous sommes dans l’aire culturelle << Béti>>. Ces peuples se retrouvent dans le Sud-Est Cameroun et délimitent le Nord du Gabon et de la Guinée Equatoriale ; ainsi cette tribu partage la même langue nationale appelée le << fang >> et non les mêmes langues officielles dans la mesure où en Guinée Equatoriale c’est l’Espagnol et le Français dans les deux autres pays. << francès >> est un terme Espagnol qui désigne un frère qui vient des colonies françaises. Toundi va donc se réfugier chez ses frères de la Guinée Equatoriale après sa mésaventure dans son pays le Cameroun.

Si les évènements vécus par Toundi relèvent de l’imagination de F. Oyono, l’on ne peut nier le réalisme avec lequel les faits sont rapportés. Pour mesurer la cruauté des administrateurs des colonies, tu peux lire les ouvrages qui rapportent les évènements similaires tels que Voyage au bout de la nuit de L. F. Céline, Heart of Darkness de Joseph Conrad, Ville Cruelle de Eza Boto, Discours sur le colonialisme de Aimé Césaire, Main basse sur le Kamerun de Mongo Beti, sans oublier la préface de Batouala de René Maran. Mais comme tout récit imaginaire, l’on peut quand même noter quelques exagérations ou des caricatures. Nous de la génération d’après les indépendances, nous accordons du crédit à ces écrits d’après les témoignages que nos parents nous ont faits de cette période et surtout les comportements violents, retrogrades et antidémocratiques des aînés qui ne sont que le résultat des traumatismes hérités de cette époque douloureuse.

h) Les techniques d’écriture dans l’œuvre
Elles rappellent celles des réalistes français du 19ème siècle. En effet, Ferdinand Oyono observe une neutralité qui donne au récit une vraisemblance dont le lecteur pourrait se servir pour adopter une position lucide par rapport à la diégèse (l’histoire racontée). Seulement, en donnant l’initiative de la parole à un narrateur protagoniste, Toundi qui raconte sa propre histoire, il donne à son œuvre des allures autobiographiques qui confondent le point de vue du narrateur à l’histoire racontée. On note à ce propos une ambivalence entre le romancier lucide et neutre et son personnage narrateur complètement immergé dans son propre récit.
i) La signification de l’œuvre
Il faut noter la portée didactique de l’œuvre, notamment les leçons que tout lecteur pourrait tirer de l’histoire de Toundi pour renouveler sa vision de la situation coloniale. En effet, Une vie de boy est une tragi-comédie. Elle est tragique par l’intrigue, marquée par différentes passions démesurées, et le dénouement, c’est-à-dire la mort du héros. Elle est comique à travers l’ « humour », le « pittoresque » du langage africanisé de ses personnages. En réalité, en donnant à son œuvre une dimension tragi-comique, Oyono a révélé, comme l’a si bien expliqué Chevrier, sa véritable signification. En fait Une vie de boy est un réquisitoire anticolonial qui peint une situation où se manifestent des relations conflictuelles du colonisateur et du colonisé, dont les comportements sont logiquement ambivalents. Ce qui correspond au début de la décolonisation de l’Afrique. L’itinéraire de Toundi rappelle celui de l’initiation, de l’éducation et de la formation au terme desquelles, il sombre dans la déchéance. Son drame, c’est d’avoir voulu être authentiquement humain dans une société où les valeurs ont été chamboulées par l’immixtion coloniale ; Ce qui le singularise du reste des autres personnages.
En définitive, il paraît important de s’interroger sur la pertinence de Ferdinand Oyono d’avoir choisi le roman comme moyen d’expression et sur son mutisme depuis 1960. On peut penser que Ferdinand Oyono a voulu ainsi garder une originalité qui se départirait des « modèles importés » d’ailleurs, notamment d’occident.